GUO MORUO

GUO MORUO
GUO MORUO

Guo Moruo est le nom de plume de Guo Kaizhen, écrivain, savant et homme politique. Sa contribution la plus importante au domaine de la culture chinoise consiste sans doute dans ses études, qui font autorité, à propos des inscriptions anciennes sur os oraculaires et vases de bronze. Mais il fut également un artiste engagé, marqué par le romantisme européen et qui trouva plus d’une fois son inspiration dans l’histoire.

Une vie mouvementée

Né en 1892 dans l’ouest du Sichuan, non loin du mont Emei, dans une famille de propriétaires terriens et d’entrepreneurs, il manifesta dès son jeune âge un caractère combatif, qui lui valut d’être mis à la porte de plusieurs écoles. En 1913, refusant un mariage, il s’enfuit à Tianjin et de là au Japon pour y étudier la médecine, qu’il ne pratiqua jamais par suite d’une surdité partielle venue d’une attaque de typhoïde dans son enfance. Il était, depuis plusieurs années déjà, attiré par la littérature et s’était lié d’amitié avec d’autres écrivains, notamment Cheng Fangwu, Yu Dafu, Tian Han, Zhang Ziping. C’est avec eux que fut fondée à T 拏ky 拏, en 1921, une société littéraire appelée Création (Chuangzao ) qui édita plusieurs périodiques portant ce nom. Les principaux écrivains y furent Guo Moruo et Yu Dafu. Les membres du groupe étaient liés plutôt par des affinités d’idéal et de goûts que par un programme clairement défini. Tous avaient de forts penchants révolutionnaires: Cheng Fangwu se rendra un peu plus tard dans les zones soviétiques du Sud et Guo Moruo, après avoir été doyen de la faculté de littérature à l’université Sun Yat-sen à Canton, se joignit à l’armée révolutionnaire et participa au soulèvement de Nanchang en août 1927. Forcé de s’enfuir au Japon, il y resta jusqu’au début de la guerre sino-japonaise pour regagner en 1937 Chongqing, où il tint divers postes importants dans le gouvernement de coalition. Après un séjour en U.R.S.S. pendant la guerre civile, il fut nommé, à la fondation de la république populaire de Chine, vice-président de l’Assemblée politique consultative du peuple chinois, vice-président du gouvernement, président de l’Academia sinica, etc.

De l’avènement de la république populaire de Chine à sa mort, Guo Moruo continua à écrire et à publier des recueils de poèmes, des pièces de théâtre, des études critiques. Les Œuvres complètes ont été publiées en dix-sept tomes, entre 1957 et 1963, et rééditées par la suite.

Poète et traducteur

Guo Moruo acquit une première popularité grâce à ses poèmes en vers libres à contenu fortement émotionnel, inspirés de Whitman, de Shelley et de Tagore. Déjà son premier recueil poétique Nü shen (1921, Déesses) lui valut les louanges de Wen Yiduo, critique littéraire et poète renommé qui considérait que la poésie de Guo Moruo exprimait le mieux l’esprit de la jeunesse et qu’elle était la seule «vraie poésie chinoise moderne». Tout comme les autres œuvres des membres de Création , les vers libres irréguliers de Guo Moruo sont fortement imprégnés d’idées et d’expressions étrangères. Parfois, le poème n’est rien d’autre qu’une succession d’exclamations passionnées. Cette caractéristique se retrouve dans d’autres recueils de Guo Moruo, Xing kong (1923, Ciel étoilé ), Ping (1925, Le Vase ). Ses derniers recueils sont moins impulsifs et reflètent de plus en plus ses penchants politiques. Tout en exprimant la puissante personnalité individualiste de l’auteur, ces œuvres trahissent ses goûts romantiques, le rapprochant ainsi de ses modèles européens, en particulier des romantiques allemands. Ses penchants romantiques sont aussi nourris de ses traductions, dont certaines influencèrent profondément la littérature chinoise moderne, par exemple Les Souffrances du jeune Werther de Goethe, qui devint une bible pour la jeunesse dès sa parution. Sa traduction du Faust témoigne du même esprit. Guo Moruo a traduit également des œuvres de Schiller, de Tourgueniev, de Tolstoï, d’Upton Sinclair et d’autres auteurs occidentaux et japonais.

Si les premiers recueils de poésie sont très fortement marqués par la mode occidentale quant aux thèmes et par la pratique de la traduction quant au style, on peut constater que le poète Guo Moruo revient de plus en plus souvent, avec les années, à des formes classiques, dans le même temps que les traductions cèdent le pas devant les études historiques et les recherches archéologiques. Publiée en pleine période de la révolution culturelle, l’étude parallèle de deux grands poètes chinois des Tang, Li Bai et Du Fu, devait avoir un grand retentissement qui associait hardiment l’étude des classiques et des sentiments personnels, la poésie, la critique historique et les engagements politiques transparents à travers elles.

Une prose romantique et engagée

Ses œuvres en prose sont aussi marquées par un esprit romantique et une forte subjectivité. Il composa un certain nombre de sketches, tel Ganlan (1926, Une olive ), traduisant ses dispositions d’esprit changeantes et ses états mélancoliques, dans la manière des pièces écrites par Yu Dafu et de nombreux auteurs japonais modernes. Assez curieuses sont ses tentatives de donner une construction romantique même à des sketches tout à fait autobiographiques et réalistes, comme par exemple Mademoiselle Caramel , dans le recueil Ta (1925, Pagode ) ou Luoye (1928, Feuilles mortes ), et d’autres encore. Le noyau de Feuilles mortes est formé de quarante et une lettres écrites par une jeune fille japonaise à son fiancé, étudiant en médecine chinois. Il est possible que les lettres soient authentiques: ce seraient celles de la femme japonaise de Guo Muoro. Mais il y a ajouté l’histoire très romantique de la maladie et la mort du jeune homme et de la disparition de la jeune femme.

Le deuxième trait caractéristique de la prose de l’écrivain est son intérêt pour l’histoire. Ces deux aspects prévalent tour à tour. Le goût de Guo Moruo pour l’histoire est à l’origine d’un certain nombre de nouvelles dont les héros sont des personnages historiques illustres. Elles apparaissent en fait comme de simples transpositions de la tradition historique ou légendaire. L’auteur se contente d’enrichir le noyau de l’histoire en lui ajoutant quelques détails. Les récits sont extrêmement concis, composés habituellement d’un seul dialogue ou d’un monologue qui fait ressortir l’action ou la personnalité du héros. Les dialogues sont en général fondés sur des sources historiques authentiques, ils apportent la preuve des brillantes recherches de l’auteur dans les domaines de l’histoire et de la philosophie chinoises. Il y exprime ses opinions, mais jamais au détriment de la vérité historique. Guo Moruo a été capable de tirer de sa vie et de ses expériences personnelles une sorte de matériau historique: il a écrit huit volumes autobiographiques, y compris des sketches, suivant ainsi les traces des anciens auteurs chinois, avec leurs «notes personnelles» et leurs «souvenirs»; les sketches ont un style beaucoup plus narratif et épique; ils n’ont rien des notes concises des anciens.

Guo Moruo reste fidèle à lui-même dans ses productions dramatiques. Les héros sont toujours des figures célèbres comme le poète Qu Yuan , pièce écrite en 1942, publiée en 1944, la poétesse Cai Wenji , 1959, ou l’impératrice Wu Zetian , 1962... Le point de départ est là aussi une situation historique, et l’écrivain utilise autant que possible des matériaux authentiques – c’est-à-dire les poèmes de ses héros – mais il tente d’interpréter l’histoire à la lumière des idées politiques contemporaines. Le penchant romantique de l’auteur apparaît dans le caractère fortement subjectif des personnages principaux, ainsi que dans sa prédilection pour un monologue sublime et passionné amenant souvent le héros à une communion avec les forces de la nature. En revanche, l’auteur n’est guère intéressé par la construction réaliste des personnages; ils n’existent que pour transmettre un message; ce ne sont pas des personnalités vivantes.

Dans le domaine de l’épigraphie chinoise ancienne les travaux de Guo Moruo ont une valeur durable. Il édita aussi un certain nombre de textes anciens et écrivit à profusion sur la littérature chinoise ancienne, la philosophie, l’histoire sociale et économique, etc.

Ses contributions en ce domaine se sont poursuivies jusque dans les dernières années de sa vie, qu’il leur consacra presque entièrement à l’exception de quelques poèmes passionnés et de son plaidoyer enthousiaste de 1978, quelques mois avant sa mort, pour le renouveau de la recherche scientifique. Aux divers aspects du talent de Guo Moruo il faut, en effet, ajouter l’art oratoire, qu’il a pratiqué avec maîtrise en de nombreuses occasions, à la fois en Chine et à l’étranger, comme homme politique, comme combattant de la paix, comme représentant de l’une ou l’autre des associations d’amitié avec un pays étranger dont il était le président.

Guo Moruo ou Kouo Mo-jo
(Guo Kaizhen, dit) (1892 - 1978) écrivain chinois, attaché à la révolution prolétarienne: Feuilles mortes (poèmes, 1928), la Vague (récit, 1932). Il fut attaqué lors de la révolution culturelle.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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